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Les Vegan repentis par Maurizio Garcia Pereira

Pendant sept ans, Mauricio Garcia Pereira a tenté de fermer les yeux sur l’horreur quotidienne et le rythme effréné qui lui étaient imposés à l’abattoir municipal de Limoges. Épuisé, psychologiquement abimé, il a fini par dénoncer la souffrance animale et humaine à laquelle il a assisté. Au risque de tout perdre…

Il est au chômage, à découvert, sans logement fixe. Il suit une thérapie pour apaiser ses nuits agitées de cauchemars, mais il ne regrette rien.

D’origine espagnole, la cinquantaine, Mauricio Garcia Pereira est arrivé en France en 2001. Modeste et travailleur, il enchaîne les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. « J’ai pas mal bossé dans le commercial : je crois que j’ai tout vendu, des encyclopédies, des couteaux suisses, des aspirateurs. Et j’ai longtemps été serveur, explique-t-il.

Les Vegan repentis par Maurizio Garcia Pereira

« Après trois ans de galères, j’étais bien content d’avoir un travail »

En 2007, il envisage une reconversion dans le secteur du bâtiment, mais la crise économique éclate ainsi que ses projets. Il s’inscrit dans plusieurs boites d’intérim et en 2009, on lui propose un emploi d’ouvrier au sein de l’abattoir municipal de Limoges. « Après trois ans de galère, à dormir par alternance dans ma voiture, j’étais bien content d’avoir un travail. »

Des fœtus de veaux prêts à naître, jetés à la poubelle

Les premiers jours, Mauricio est un peu épargné et s’accommode d’un emploi qui lui paraît certes peu gratifiant, mais utile dans la chaîne alimentaire. Je croyais jusque-là faire un métier dur mais noble, utile aux hommes et respectueux des animaux. » Mais au fil des jours, la cadence de travail s’accélère, les brimades apparaissent et Mauricio découvre l’horreur de la souffrance animale : « Au départ, je devais aspirer les moelles épinières des bovins, interdites à la consommation, depuis l’affaire de la vache folle. Puis un jour, on m’a envoyé au poste où l’on trie les tripes. Là, j’ai découvert que parmi les intestins, il y avait des fœtus de veau, parfois quasiment prêts à naître. J’ai tout de suite appelé mon chef, j’étais un peu affolé… Je lui ai dit qu’il y avait un gros problème et qu’il fallait prévenir les services vétérinaires. Il a souri et m’a dit : « Non, ne t’inquiète pas, ce n’est pas un problème ici, on le fait tous les jours. »  Ces bébés étaient jetés à la poubelle avec les déchets. C’était effroyable ! »

Abattre des vaches gestantes est totalement légal

Barbare et très controversé, l’abattage de vaches gestantes est pourtant tout à fait légal et ce, même si les dernières études sur le sujet ont démontré qu’au troisième trimestre de gestation, le veau est un être sensible. Mais outre ces pratiques autorisées, Mauricio a aussi été le témoin d’autres atrocités condamnables. « On abat 35 bêtes à l’heure et ça peut monter jusqu’à 45 bêtes. On dispose donc de moins de 2 minutes pour tuer un animal. A chaque poste, on a exactement 1 minute 15 pour effectuer notre tâche. Pour les bovins, on utilise un pistolet matador contenant une balle à blanc, sans métal. De cette balle sort un percuteur qui va dans le crâne de l’animal, entre les deux yeux. »

Les Vegan repentis par Maurizio Garcia Pereira

« La bête est étourdie mais encore vivante »

       La bête est alors étourdie mais encore vivante et après elle est saignée, c’est à dire qu’on lui plante un couteau dans les artères du cou, la jugulaire, pour l’achever. Mais bien souvent, le matador se loupe, la bête mugit et affole toutes les autres. C’est la panique à bord et elles sont poignardées vivantes.

« Je les ai vues se tordre de douleur »

J’ai les ai souvent vues se tordre de douleur, c’est horrible. Et ça arrive tous les jours, avec la cadence qu’on nous impose, on ne peut pas bien faire les choses. » Chaque jour, Mauricio respire l’« odeur de mort » qui emplit l’abattoir, assiste à l’agonie des bêtes, à l’incinération des fœtus arrachés au ventre de leurs mères, mais il n’a pas le choix.  « Je voulais gagner décemment ma vie pour pouvoir élever dignement mes enfants et payer ma pension alimentaire », confie-t-il. Père de deux enfants de 12 et 18 ans aujourd’hui, jamais il n’aurait imaginé voir de telles scènes d’horreur dans sa vie. Il a gardé son emploi pendant sept ans, mais il en a payé le prix, tandis que d’autres n’ont pas pu y rester.

« Sur 10 intérimaires, la moitié ne revenait pas le deuxième jour alors même que les premiers temps, les chefs te parlent correctement, te respectent. Mais la souffrance animale est telle que c’est difficilement supportable. Et puis la pression monte petit à petit. On te fait comprendre que c’est un milieu d’homme et qu’il faut assurer la cadence et le travail besogneux. Et si tu n’es pas content, tu dégages ! C’est comme ça qu’on te parle. J’ai vu des dizaines de collègues, de bons ouvriers, sombrer dans l’alcool ou la drogue à cause des atrocités quotidiennes et des rythmes effrénés. »

Arrêter de travailler était une question de vie ou de mort

Un jour, à bout de nerfs, Mauricio manque de poignarder son chef de poste. Épuisé, au bord des larmes, l’ouvrier ne se reconnaît plus et consulte son médecin. Le diagnostic est très clair : état de choc post-traumatique. Mauricio comprend qu’il doit arrêter ce travail s’il veut survivre. Mais pas avant d’avoir dénoncé les abominations qu’il voit au quotidien. C’est la diffusion de vidéos de l’abattoir d’Alès filmées par l’association L214 en février 2016, qui le conforte dans son idée et lui provoque un déclic. Sur ces images, reprises par de nombreux médias, on y voit des employés frapper des cochons ou utiliser sans nécessité une pince à électronarcose sur le museau de brebis.« Les gens doivent savoir ce qui se cache derrière leurs steaks »

« Si le public était choqué par ça, je devais absolument montrer ce qui se passait à Limoges pour qu’il y ait une prise de conscience et que les gens sachent ce qui se cache derrière leur steak ! »

Témoigner pour « faire bouger les lignes »

Équipé d’une caméra fournie par l’association L214, Mauricio devient « lanceur d’alerte ». Il filme les chaînes d’abattage et rend public son témoignage. Désormais, la conscience apaisée, il est prêt à « aller plus loin pour faire progresser les lois, faire bouger les lignes et les comportements. »

« Les gens préfèrent vivre dans le déni plutôt que de connaître la vérité »

« Au sein de l’abattoir, j’ai découvert un monde à part, celui de quelques-uns(e)s qui font fièrement manger la planète entière mais avec des méthodes sauvages qui ne respectent pas les ouvriers et surtout pas les animaux. Pour ces gens-là, les animaux ne comptent pas, c’est de l’argent, de la thune, du pognon et il n’y a que ça qui compte. Une vache gestante rapporte plus morte que vivante. Quant à la société, elle ne veut pas savoir ce qui s’y passe, et préfère vivre dans le déni plutôt que de connaître la vérité. Alors, sachez-le, dans un abattoir tous les animaux souffrent, du premier au dernier. Il faut arrêter de nier l’évidence. Dans leurs yeux, on lit la détresse, la terreur, elles savent qu’elles vont à la mort. Leurs regards, les images de leur souffrance, Je les aurais jusque-là fin de mes jours en tête… »

Toute le série des Repentis : Pourquoi devenir Vegan ?

Les repentis 1 – Maurizio Garcia Pereira
Les repentis 2 – Sivalingam Vasanthakumar
Les repentis 3 – Rémi Thomas
Les repentis 4 – Carole

Pour aller plus loin :

Facebook Mauricio Garcia Pereira

Alternative Vegan Media

Laurence Pieau


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