Vous êtes nombreux à m’avoir questionnée à ce sujet. A la suite de mon dernier article sur les omégas 3, certains d’entre vous m’ont demandé où trouver de l’iode quand on est vegan. C’est une question essentielle parce que l’importance de l’iode, son rôle même, sont assez méconnus en France.
Les non vegans ne se posent pas la question parce qu’ils trouvent cet iode à travers le poisson ou les animaux d’élevage (ces derniers ne sont pas naturellement iodés, ils le sont à travers leur nourriture et ne sont donc que des «transmetteurs»). Et de façon assez étonnante, ils la trouvent aussi dans les produits laitiers.
“La majorité de la population en France obtient son iode par les produits laitiers, m’a expliqué le docteur Sébastien Demange, membre de la commission Nutrition-santé de l’Association Végétarienne de France. Parce qu’on nettoie le pis des vaches et le matériel pour faire la traite avec des produits iodés. Quand les vaches sont blessées, on applique de l’iode sur la blessure pour les aider à cicatriser”.
Cette question de la carence en iode, les vegans font bien de se la poser. Pourquoi?
L’iode est en effet indispensable pour :
- Permettre le bon fonctionnement de la glande thyroïde, qui est un peu le « chef d’orchestre » de notre corps.
Les hormones de la thyroïde régulent en effet la croissance, le fonctionnement rénal, la solidité des os. La thyroïde a une action régulatrice sur le système cardiaque, le cerveau, les muscles. Elle joue aussi sur l’humeur, régule le transit intestinal, régule la température corporelle…
- En cas de carences, les adultes peuvent souffrir de goitre et d’une production insuffisante d’hormones thyroïdienne (lire notamment).
Après 60 ans, plus d’une femme sur 10 a des problèmes de thyroïde contre seulement 4% des hommes.
- Les enfants peuvent quant à eux souffrir d’un retard mental, le crétinisme.
C’est d’ailleurs parce qu’ils ont manqué d’iode que des gamins sont passés à la postérité comme les « crétins des alpes » …
Oui, le crétin des Alpes a vraiment existé (ce n’est pas seulement une des insultes préférées du capitaine Haddock).
Ils ont même été 50 000 nés dans les massifs des Alpes et des Pyrénées entre 1830 et 1900. De pauvres hères affublés de goitres, de cous enflés, de handicaps physiques (surdité) et mentaux qualifiés “d’animaux vivants”.
Les familles les cachaient ou les envoyaient à l’asile quand ils n’étaient pas exploités comme cobayes par la science… (évoqué par l’historien Antoine de Baecque, dans Histoire des crétins des Alpes, la librairie Vuibert).
La science de l’époque a suspecté les miasmes d’altitude, la toxicité géologique, la qualité des eaux, la consanguinité des familles. Les médecins se sont disputés (et ont perdu du temps) avant qu’on se rende compte que ces pauvres gens souffraient en réalité d’insuffisance thyroïdienne.
L’affaire a en effet été réglée avec quelques distributions de sel de cuisine iodé et de pastilles spécialement préparées pour les enfants.
Les crétins des Alpes ont cessé de naître…
Cette triste histoire montre bien qu’il ne faut pas rigoler avec la carence en iode
Où trouve-t-on l’iode quand on est vegan ?
- Principalement dans les algues : wakamé, dulse, goémon noir, kombu, kelp, ouessane, nori avec lesquelles sont faites les makis.
Mais attention il faut les consommer avec parcimonie car elles en contiennent de très fortes doses (notamment le kelp et kombu).
- Dans la salicorne, plante de la famille des chénopodiacées (comme la betterave), aussi appelée « haricot de mer » parce qu’elle pousse sur le littoral français et dans les marais salés de Lorraine.
A préparer comme les haricots verts, dans les salades !
Mais comment faire lorsqu’on n’aime pas les algues ?
C’est le cas de Joelle, une des abonnées à la newsletter d’Alternative Vegan.
Elle m’a ainsi écrit que le fait de ne plus manger de poissons a provoqué chez elle une hypothyroïdie et un taux d’iode moitié moins que la normale. Impossible d’avaler des algues…
Son médecin lui impose donc de manger des poissons qui, dit-elle, “la dégoûte” à juste titre.
On peut se rabattre sur :
- Le sel iodé : tous les pays développés enrichissent le sel de table en iode. Mais il est bien évidemment déconseillé d’augmenter sa consommation de sel.
- Certains végétaux comme la banane. Mais le problème est que la teneur en iode des végétaux est aléatoire car elle varie en fonction de la composition des sols de culture.
- Des herbes qui en contiennent un peu (romarin, laurier coriandre, thym, ciboulette, persil, aneth…).
Mais la solution la plus sûre, et de loin, reste de se supplémenter, à raison de :
- 150 microgrammes par jour pour les adultes
- 200 microgrammes pour les femmes enceintes (il s’agit des recommandations françaises, celle de l’OMS est de 250)
- 200 microgrammes pour les femmes allaitantes (290 pour l’OMS)
- 120 microgrammes pour les enfants de 7 à 9 ans
- 90 microgrammes pour les enfants de 4 à 6 ans
- 80 microgrammes pour les enfants de 1 à 3 ans.
Si la question de la supplémentation vous gêne (c’est encore une fois la solution le plus sûre), dites-vous bien que la population française non vegan, est elle-même supplémentée via l’iode rajoutée au sel de table ou l’iode incluse dans la nourriture des animaux d’élevage.
La différence, c’est qu’elle ne le sait pas, et vous si !
N’hésitez pas si vous avez d’autres questions et d’autres suggestions, faites comme Joëlle !
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Laurence