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Oui, un enfant peut être vegan !

Aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter une histoire. Il était une fois, donc, un destin étonnant, celui de Cédricia Maugars. Une jolie blonde de 44 ans, pleine de pêche. Sa particularité ? Elle est la plus ancienne vegan de naissance en France 

La sacro-sainte saucisse-purée des enfants, elle n’y a jamais goûté. Tout comme les omelettes baveuses de la cantine…

Elle n’a pas non plus connu le lait de vache : bébé, elle a été exclusivement nourrie de bouillie de blé maltosée avec de la purée d’amandes. 

Pas franchement conventionnel en 1975, année de sa naissance !

Mais si ses parents ont adopté pour elle – et toute la famille – un régime végétalien, ce n’était pas par excentricité…

Non ! Leur motivation a été médicale : c’est en cherchant comment soigner la maladie de la grand-mère de Cédricia, atteinte de polyarthrite rhumatoïde, qu’ils se sont intéressés au véganisme.

Une bonne idée ! La vieille dame a gagné dix ans de vie, et Cédricia est en pleine forme, comme en attestent les analyses de sang qu’elle fait régulièrement.

« Je suis la preuve vivante qu’on peut être végétalienne et même crudi-végétalienne et en parfaite santé ![1] » lance celle qui a fondé en 2008 C-Cru, le premier réseau crudi-végétalien de France.

Elle témoigne n’avoir jamais eu de carences, ni dans l’enfance, ni aujourd’hui.

Mais alors, pourquoi la question du véganisme des enfants est-elle taboue en France ?

Pourquoi le simple fait d’évoquer le sujet vous fait passer pour un parent maltraitant ?

« Que tu sois végan, passe encore, vous lancera-t-on. Mais tu ne vas QUAND MÊME pas imposer ça à ton enfant ??? ». Avec majuscules et triple point d’interrogation perceptibles, même à l’oral ! 

Votre entourage s’est-il ligué pour vous mettre une honte à la Game of Throne(« Shame ! ») ? Compte-t-il vous expédier au purgatoire ? 

Non, bien sûr. L’enfer est juste pavé de bonnes intentions : vos proches s’inquiètent.

Il faut dire qu’en France, tout est réuni pour les faire flipper ! 

Dans notre pays, le végétalisme des enfants n’est pas admis.

C’est peu de le dire… Le professeur Tounian décrit par exemple le véganisme comme une « déviance alimentaire » à risque chez les enfants et adolescents[2].

Un point de vue très écouté, ce médecin étant chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques de l’hôpital Trousseau.

Ah, au fait, j’allais oublier de vous préciser qu’il est aussi conseiller de la fondation Nestlé France et de plusieurs groupes agroalimentaires… Mais c’est sans doute un hasard :-).

Comment une alimentation complètement admise à l’étranger peut-elle être complètement honnie en France ?

Paniqués, ils ne se demandent sans doute pas comment le scandale n’éclate pas au Japon, en Chine et en Asie du Sud-Est, où les enfants consomment principalement du lait de soja…


Ils n’écoutent pas le National Health Service (système de santé publique) anglais, et son ouverture au véganisme à tout âge.

Ils ne croient pas non plus l’Académie de nutrition et diététique américaine, pour qui l’alimentation végétalienne « favorise une croissance normale à tous les stades de la vie[3] ». 

La même institution évoque évidemment les spécificités de la petite enfance, expliquant que « si l’allaitement n’est pas possible, une formule infantile commerciale devrait être utilisée comme boisson principale durant la première année. Les aliments complémentaires devraient être riches en énergie, protéines, fer et zinc et peuvent être constitués de houmous, de tofu, de légumineuses bien cuites et de purée d’avocats. Le lait de soja enrichi ou le lait de vache, non écrémé, peuvent être consommés dès un an chez les jeunes enfants ayant une croissance normale et une alimentation variée ». 

L’alimentation végétale correspond donc bien à tous les âges.

Une affirmation que, chez nous, l’Association Végétarienne de France a bien du mal à faire émerger.

Tout comme l’APSARES (Association de Professionnels de Santé Pour une Alimentation Responsable), que le docteur Jérôme Bernard-Pellet a cofondée.

« En France, il y a un énorme tabou par rapport à ça, nous explique ce grand spécialiste de l’alimentation végétale. Non pas que les médecins français soient ignorants bien sûr. Mais dans les cours qu’ils ont suivis, il est écrit noir sur blanc que l’alimentation végétale est dangereuse pour les enfants. Cette position est en déconnexion totale avec la littérature scientifique ».

Résultat : les enfants français, fièrement élevés au pâté et steak haché, mangent deux fois plus de viande que le maximum recommandé, selon l’OMS.

Une aberration qui peut avoir de graves conséquences !

« Dans les assiettes des enfants, on a globalement deux tiers de protéines animales pour un tiers de protéines végétales, m’explique le docteur Sébastien Demange, médecin généraliste, membre de la commission nutri santé et trésorier de l’Association Végétarienne de France. Alors qu’il y a globalement un consensus scientifique pour dire qu’on devrait inverser le ratio. »

Mais la carence en protéines peut être dangereuse, non ? Tous nos proches nous le disent !

« La carence en protéines des enfants relève du mythe ! rectifie le médecin. La véritable carence des petits Français est une carence en fibres (la viande n’en contient pas) comme l’a montré une étude de France Agrimer (Etude FranceAgrimer/Interfel/ABC+, 9 décembre 2014.) qui établit que 40% des enfants de 0 à 18 ans mangent moins d’un fruit et légume frais par jour ». Oups, les frites-ketchup, ça ne compte donc pas pour deux !

« Le problème, c’est qu’en alimentation, l’excès est souvent pire que la carence, soupire le docteur Demange. Car on peut lier l’excès de protéines à plus d’obésité, plus de maladies cardio-vasculaires, plus de diabète… C’est d’autant plus marqué que les protéines sont d’origine animale ».

Les bienfaits du véganisme pour vos enfants alors, on en parle ?

Comme pour les adultes, ils sont nombreux…

Sans oublier qu’une alimentation végétale leur épargnera la dissonance cognitive de beaucoup de bambins, qui ne comprennent pas bien qu’on leur serve un steak après les avoir poussés à caresser la jolie vache de la ferme pédagogique…

Alors évidemment, pour avoir des enfants vegans en pleine santé, il y a quelques règles à respecter.

A commencer par une supplémentation en B12.

Excepté cet ajout indispensable, leurs besoins nutritionnels sont les mêmes que dans une alimentation avec produits animaux.

L’Académie de nutrition et diététique américaine préconise juste des apports en protéines « légèrement supérieurs en raison des différences dans la digestibilité des protéines et de la composition en acides aminés ».

Soit au total 30 à 35% de protéines pour les petits végétaliens de 1 à 2 ans, de 20 à 30% pour les 2 à 6 ans et de 15 à 20% pour les plus de 6 ans.

La vraie difficulté sera de trouver un professionnel de santé compétent et pas hostile.

« Il y en a mais il n’est pas sûr qu’ils soient près de chez vous » souligne le docteur Bernard-Pellet. 

Mais ce problème, en étant parent, vous l’avez connu dès la grossesse ! Eh oui, les futures mamans sont la cible de tous les jugements (et pas parce qu’elles bougent moins vite).

Quand la terre entière semble vouloir remettre votre alimentation en question…

« T’es sûre ? », « tu t’es bien renseignée ? », « as-tu le droit d’imposer ton choix au bébé ? »

Comme si une alimentation omnivore n’était pas aussi un choix !

S’il naît trop gros ou trop petit, trop tôt ou un peu tard, s’il a les yeux marrons de tonton André plutôt que le regard bleu de son père, ce sera la faute de votre véganisme…

Or, il y a peu de différence entre une grossesse vegan et une grossesse tout court !

Il s’agit de veiller à :

Petit bonus : la future maman vegan est moins sujette à une prise de poids trop importante, et ses conséquences.

Quant aux bébés, RAS ! En 1987, une étude menée au Tennessee sur 775 femmes d’une communauté vegan constatait que leurs enfants naissaient avec un poids parfaitement normal[4].

Partagez ces données avec vos proches peut-être inquiets !

Vous pouvez également leur transmettre ces témoignages de magnifiques enfants nés vegans 

N’hésitez pas à témoigner dans les commentaires ici, cela sera très utile pour celles et ceux qui se posent encore des questions !

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A très vite,

Laurence

[1] Portrait de Cédrica Maugans 
[2] Tounian, P. « Végétalisme chez l’enfant : une véritable maltraitance nutritionelle », Cholé-Doc 152, cité dans Veggie Kids, de Sophie Cottarel, Marie Laforêt, Ophélie Véron, Editions Alternatives, 2017.
[3] La citation exacte : « Les alimentations végétalienne, lacto-végétarienne et lacto-ovo-végétarienne bien planifiées sont appropriées. Elles satisfont les besoins nutritionnels et favorisent une croissance normale à tous les stades de la vie, dont la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, le troisième âge ainsi qu’aux sportifs. »
[4] Carter J.P., Furman T., Hutchison H.R., Preeclampsia and reproductive performance in a community of vegans, South Med J, 1987. Cité dans Veggie en famille, de Hélène Defossez et Lise Lebrun, Editions Leduc.s Pratique, 2018.

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