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Je vais commencer par une petite histoire qui m’est arrivée et qui, des années après, me choque encore. C’était à Paris Beaugrenelle, un samedi soir, juste avant d’aller au ciné. J’étais encore une vegan débutante, hésitante, bref pas très sûre de moi.

Manque de vitamine B12 : tout est fait pour vous faire peur


J’étais pour tout vous dire assez effrayée par tout ce que je lisais sur le manque de vitamines B12, manque pouvant entraîner des troubles neurologiques, de l’anémie, des pertes de mémoire, une dépression grave…rien de moins !

Je suis donc rentrée dans une pharmacie et je me suis lancée : « je viens d’arrêter la viande, je voudrais de la vitamine B12 ».

“J’espère au moins que vous n’avez pas d’enfants”

En face de moi, le pharmacien s’est raidi et m’a lancé d’une voix assez forte, suffisamment pour que tout le monde entende : « Y en a de plus en plus des gens comme vous, a-t-il maugréé, c’est vraiment n’importe quoi ! Puis, énervé : C’est bon de manger de la viande ! Pas tout le temps, mais plusieurs fois par semaine ! J’espère au moins que vous n’avez pas d’enfants… ».

La scène arriverait aujourd’hui, je ne le laisserais pas me parler ainsi. Je le renverrais dans les cordes en lui disant que tout pharmacien qu’il était, il sortait largement de son rôle !

Et que sa chemise collée à son ventre proéminent et son souffle court ne plaidait pas pour cette alimentation “équilibrée” qu’il décrivait…

Vous a-t-on déjà traitée de mauvaise mère parce que votre alimentation était une alimentation végétale ?

La presse regorge d’histoire d’enfants vegans hospitalisés pour dénutrition et retirés à la garde de leurs parents et ce, même si le lien avec le véganisme n’est pas avéré. De tristes faits divers relatent en prime la mort d’enfants de parents vegans, oubliant de préciser qu’il s’agit de cas de malnutrition tout court, ou que ces parents menaient des existences à la marge, et que cela va bien au-delà de questions alimentaires. Mais ces exemples marquent les gens, et on le comprend…

En Italie, suite à quatre cas de malnutrition, une députée a même voulu condamner les parents vegan à la prison.

Nous sommes conditionnés depuis toujours

En France, au contraire des pays anglo-saxons,  la pensée dominante est hostile à un régime vegan pour l’enfant et l’adolescent.

Le mot “vegan” lui-même véhicule une image stéréotypée, façonnée au fil des années .

Désolée de vous le dire mais notre alimentation abîme nos enfants

D’abord quelques chiffres :

  • Selon l’OMS, les enfants français mangent deux fois plus de viande que le maximum recommandé.
  • 69% des enfants du CP au CM2 mangent en effet de la viande ou du poisson tous les jours[1]. Une alimentation en décalage total avec les prescriptions du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), qui regroupe tout de même le travail d’une centaine de scientifiques de 52 pays. « Dans les assiettes des enfants, on a globalement deux tiers de protéines animales pour un tiers de protéines végétales, nous explique le docteur Sébastien Demange, médecin généraliste, membre de la commission nutri santé et trésorier de l’Association Végétarienne de France. Alors qu’il y a globalement un consensus scientifique pour dire qu’on devrait inverser le ratio. »
  • « Et ce, alors que la carence en protéines des enfants relève du mythe ! explique le docteur Sébastien Demange. La véritable carence des petits Français est une carence en fibres (la viande n’en contient pas) comme l’a montré une étude de France Agrimer [2] qui établit que 40% des enfants de 0 à 18 ans mangent moins d’un fruit et légume frais par jour. »
  • Selon l’OMS, la consommation de viande favorise maladies cardio-vasculaires, diabète et cancers. Les effets d’une surconsommation de viande sur la santé de vos enfants ne se verront pas de suite, mais dans vingt ans.
  • En France, les enfants sont conditionnés dès leur plus jeune âge puisque le lobby des interprofessionnels bétail et viande (Interbev) intervient depuis plusieurs années dans les écoles françaises pour promouvoir l’importance d’un plat principal composé de viande, contredisant en cela l’OMS [3].


Nous ne pouvions pas faire autrement… jusqu’à aujourd’hui

Je ne cherche pas à accuser les parents que nous sommes. Nous ne sommes pas coupables.

Nous avons été élevés avec l’idée qu’un enfant fort était un enfant qui mangeait de la viande au moins une fois par jour.

Moi-même, pendant des années, comme toutes les mères, j’ai donné à mes enfants et beaux-enfants nuggets, cordons bleus, poissons panés, saucisses cocktail…

Mais aujourd’hui, je sais.

Une pure intox française…


Ce n’est pas parce qu’une alimentation est habituelle qu’elle est saine. Ce n’est pas parce qu’une chose est ancienne qu’elle est légitime.

La méfiance à l’égard de l’alimentation végétale chez l’enfant est bien un problème culturel français, profondément ancrée dans les consciences.

Et l’Anses et le PNNS[4], plutôt hostiles à l’alimentation vegan, continuent à promouvoir les protéines animales en agitant la peur des carences.


A l’étranger, les associations de pédiatrie n’ont aucun problème avec l’alimentation végétale chez les enfants.

Pourquoi une telle alimentation est-elle saluée à l’étranger et vilipendée en France ?


Savez-vous que :

  • Il y a de nombreux pays dans le monde où les enfants grandissent sans consommer de viande ou de produits d’origine animale. En Inde, par exemple, 30 % des habitants sont végétariens de naissance.
  • En Chine, au Japon, en Asie du sud-est, les enfants consomment davantage de lait de soja que de lait de vache et ni leur santé, ni leur croissance n’en sont affectées.
  • L’académie américaine de pédiatrie, l’académie américaine de nutrition et de diététique (la plus grande association de professionnels de la nutrition du monde), la société canadienne de pédiatrie ou l’organisation de santé britannique de pédiatrie NHS reconnaissent que le végétarisme et le véganisme peuvent être tout à fait adaptés à l’enfant.
  • Les médecins l’ont constaté : «On observe souvent que les enfants végétariens ont un meilleur état nutritionnel et que leur alimentation semble plus conforme aux directives que ce qui est observé chez les omnivores»[5].

Voilà la seule obligation à respecter


L’idée que le véganisme est réservé à l’adulte est ancré dans les esprits français (lesquels considèrent que l’adulte est assez grand pour prendre ses responsabilités). Alors que les enfants et adolescents peuvent tout à fait être vegan, à condition que leur alimentation soit bien conduite.

La solution est pourtant simple.

Comme pour les adultes, il faut qu’ils consomment régulièrement des légumineuses et des oléagineux pour un bon apport en protéines.

Et pour être pleinement rassuré, il faut faire valider le régime alimentaire de son enfant ou son adolescent par un professionnel de santé qui veillera à ce que cette alimentation soit :

  • Riche en calcium : présent dans les laits maternels, les préparations pour nourrissons (ancien 1er âge), préparations de suite (ancien 2ème âge) et laits «de croissance » ou légumes à feuilles tels que chou et oléagineux tels qu’amandes noix, sésame, noisettes, graines…
  • Riche en vitamine D, essentielle à la santé osseuse.
  • Enrichi en vitamine B12.
  • Riche en fer : apporté par les végétaux, légumineuses, oléagineux…

28 recettes qui vont faire plaisir à vos enfants et ados

Quelle que soit votre décision, que vous souhaitiez élever vos enfants dans le véganisme ou que vous vouliez simplement leur faire goûter de temps en temps des recettes entièrement végétalisées, je vous ai préparé un article de blog pour vous simplifier la vie sur les 28 recettes vegan qui vont plaire à vos enfants et ados et qui leur permettront de grandir en pleine santé.

Il n’est jamais trop tôt pour prendre de bonnes habitudes alimentaires !

N’hésitez pas à échanger d’autres recettes dans les commentaires.

[1] Rapport Greenpeace 
[2] Etude FranceAgrimer/Interfel/ABC+, 9 décembre 2014.
[3] Libération 18 janvier 2019
[4] Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail. Programme National Nutrition Santé
[5] Propos du Pr.Mariotti. Mariotti F.Vegetarian and Plant-Based in Health and Disease Prevention. Academic Press, 2017.

Alternative Vegan Media

Laurence Pieau


A Propos

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  • Votre article est très intéressant et je suis complètement d’accord! J’essaye moi-même de ne plus consommer de produits d’origine animale, la viande, le poisson ou le lait ne sont pas un probleme à la maison. Par contre,mes enfants qui comprennent,acceptent et essayent de diminuer leur consommation de produits animales sont coincés soit par les grands-parents qui vont systématiquement faire de la viande à chaque repas ou à la cantine où les alternatives végétariennes sont plutôt rares. Du haut de leur 10 et 12 ans ils n’osent pas dire ou faire comprendre qu’ils ne veulent plus manger de viande. Alors que le message est bien passé pour moi dans mon entourage,il n’est pas accepté pour mes enfants.. ça me désole pour eux..

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