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les poulets d’élevage souffrent

C’est juste dingue quand on y pense: si vous croisiez un poulet tel qu’il était il y a cinquante ans, vous auriez du mal à le reconnaître.  Les manipulations de l’élevage industriel ont fait que les gallinacés ont plus évolué en 50 ans qu’au cours du dernier millénaire. Il y a cinquante ans, les poulets étaient quatre fois moins gros (le bonheur des croisements de souche).

Il y a cinquante ans, un poulet d’élevage ne ressemblait pas à ce qu’il est aujourd’hui: un volatile au corps difforme, disproportionné et anormalement musclé, surplombé d’une toute petite tête, celle d’un poussin. Ce qu’on appelle les poulets à croissance rapide…

Vive la croissance accélérée…

Une vidéo diffusée fin mai 2019 par l’association L214 montre la réalité d’un élevage industriel, fournissant le volailler DUC. Auparavant, l’association avait enquêté chez un éleveur fournissant les poulets de Loué et Maître Coq.

La réalité des conditions d’élevage insupportables étaient à peu près les mêmes dans les deux élevages sauf que chez Duc, on ramasse les volailles en les aspirant avec une moissonneuse. Les bêtes sont ensuite  “recrachées” sur un tapis roulant pour être brutalement poussées dans des cagettes empilées les unes sur les autres par des employés débordés. Direction l’abattoir.

Que faisons-nous à ces animaux ?

L’immense majorité de ces volatiles n’auront jamais connu la lumière du jour, ni même l’extérieur.

Ils sont nés dans des couvoirs industriels et n’ont jamais rencontré leurs mères.

Dès leur naissance, ils ont été vaccinés et les plus forts ont été acheminés dans un élevage industriel (les plus faibles ont été éliminés). Des hangars immenses où ils grandissent à vitesse accélérée avec des dizaines de milliers de compagnons de misère, qui ont le même âge, la même histoire et vivent avec eux dans une terrifiante promiscuité, à 22 par mètre carré dans les élevages standards, c’est à dire l’équivalent pour chaque poulet d’une feuille A4. Jetez un oeil sur l’imprimante de votre bureau et regardez ce qu’est un format A4…

On est loin des images qui illustrent les blancs de poulets des supermarchés et sentent bon la campagne

Le plus terrible a lieu en France

Et vous savez quoi ? C’est totalement légal ! En matière de bien-être animal, la France n’a pas à la ramener: selon un rapport de la commission européenne, les conditions de vie des poulets en France sont les plus détestables de l’Union Européenne, celles qui offrent la plus forte densité d’animaux par mètre carré (1).

800 millions de poulets sont tués chaque année en France, plus de 80% d’entre eux sont élevés en système intensif. Et ce système, c’est l’enfer.

Dans les hangars où ils atterrissent, leur litière n’est pas changée.

Ils poussent au milieu des excréments, souffrent de dermatites provoquées par ce sol souillé, ou de brûlures aux jarrets. L’ammoniac qui se dégage des excréments brûle leurs poumons et cause des problèmes respiratoires.

Parce qu’ils grandissent en hangars, les poulets ne peuvent pas prendre de bain de poussière, une pratique comportementale essentielle qui leur permet d’entretenir leur plumage: dans la “vraie vie”, ils la pratiquent dix minutes par jour. Ils deviennent alors agressifs, arrachent les plumes de leurs congénères, les “picotent”. Il arrive même que des cas de cannibalisme soient signalés…

Leur poids les handicape. Boostés par des accélérateurs de croissance, nourris pour certains avec des compléments alimentaires destinés à stimuler leur appétit, les poulets d’élevage prennent 50 à 90 grammes par jour pendant leur misérable vie. C’est beaucoup…

Ils veulent se mouvoir mais ne le peuvent pas (2). Leur démarche est déséquilibrée car ils penchent vers l’avant, emportés qu’ils sont par leur poitrine sur-développée: les industriels raffolent des blancs de poulets… Avec 18,8 kilos par an et par habitant,  la consommation a augmenté de 40% en dix ans ! (3)

Le poulet que vous mangez a peut-être grandi à côté d’un cadavre

Et comme si cela ne suffisait pas, ils boitent. L’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a établi qu’en 2010, environ 30% des poulets de chair élevés de manière standard présentaient des anomalies aux pattes. Leur ossature étant plus fragile que celle des poulets “normaux”, leurs os se cassent .

Parce qu’ils ne peuvent se mouvoir ou se percher, certains n’accèdent pas aux mangeoires et abreuvoirs et meurent de faim et de soif. Leurs cadavres décomposés ou momifiés jonchent le sol que devraient nettoyer quotidiennement les éleveurs. Débordés, ces derniers ne le font pas. Le poulet que vous mangez a donc peut-être grandi à coté d’un cadavre.

Au fond, quel est le pire ? Mourir de faim et de soif ou partir à l’abattoir au bout de 35 jours alors que dans la “vraie vie”, un poulet peut vivre jusqu’à 8 ans ?

D’autant que les conditions d’abattage sont terribles.

Manipulés avec violence par des employés soumis à de fortes cadences (comme on peut le voir dans l’élevage Duc, infiltré par L214, les poulets ont parfois les ailes ou les pattes cassées lorsque les cagettes qui les contiennent sont hissées dans les camions (ils sont 12 à 30 par casier) (4). La loi autorise que leur voyage jusqu’à l’abattoir dure … 12 heures consécutives sans eau ni nourriture.

Avez-vous déjà croisé un camion plein de volailles sur l’autoroute ?

Etiez-vous informés de ce qui les attendait à l’abattoir, leur destination finale ?

Une exécution par électronarcose par bain d’eau: les poulets (jusqu’à 240 par minute selon les abattoirs) sont suspendus par les pattes à des crochets métalliques qui avancent sur un rail. Leur tête est ensuite plongée dans un bain d’eau électrifié censé provoquer la perte de conscience avant la saignée (5).

Mais il arrive que l’intensité du courant soit trop faible et que les animaux soient saignés en pleine conscience. Comme il arrive que l’égorgement en pleine conscience soit un choix – oui , un choix ! –  car il évite l’éclatement des vaisseaux sanguins et permet une meilleure qualité de viande (6).

Si vous êtes arrivés à lire ce texte jusque là, c’est que le bien être animal vous concerne. Vous émeut, vous dérange. Merci pour cela, déjà.

Maintenant, parlons de votre bien-être à vous. De votre santé.

Antibiorésistance, maladies diverses, intoxications alimentaires… Mangez du poulet ne fait pas seulement mal aux animaux, cela fait aussi mal à notre santé !

L’administration d’antibiotiques aux animaux est préoccupante parce qu’elle développe chez les humains l’antibiorésistance

La promiscuité dans les élevages provoque chez les poulets de nombreuses maladies, une fragilité au niveau du coeur, des os, du système immunitaire contre lesquels les éleveurs doivent lutter à coup d’antibiotiques pour garder les animaux en vie jusqu’à l’abattage.

Les antibiotiques sont parfois distribués de façon déguisée. Dans un rapport de L214, on peut ainsi lire “Certains comme l’ampicilline et l’amoxicilline, classées “d’importance critiques” par l’OMS (7) pour les risques d’antibiorésistance engendrés par les consommateurs, sont également distribués en élevage de manière plus sporadique via le système d’abreuvement, sur prescription vétérinaire. En France, la consommation d’antibiotiques dans les élevages intensifs est massive, et peine à diminuer. 105 tonnes d’antibiotiques ont ainsi été vendues sur l’année 2016 pour les seuls élevages de volailles (8)“

Les antibiotiques sont parfois distribués ouvertement et de façon systématique et ce, malgré les recommandations officielles qui indiquent que cela ne doit pas être la règle: une enquête diligentée en 2018 par L214 à Saint-Fulgent en Vendée dans un élevage fournissant Maître Coq a ainsi démontré que des médicaments (Narazin et Nicarbazine) étaient directement injectés dans les granulés des volailles.

En 2014, l’UFC Que choisir (9) a examiné une centaine de viandes fraîches de volailles vendues dans le commerce. Ce qu’elle a découvert est délirant.61% étaient porteurs de bactéries résistantes à une ou plusieurs familles d’antibiotiques, dont 23% à des antibiotiques critiques, c’est à dire les plus cruciaux utilisés en médecine humaine en dernier recours pour des pathologies graves”(…) “Sur les cent échantillons examinés, plus d’un morceau sur 4 (26%) contenait de manière significative, des bactéries Escherichia coli, qui dans leur grande majorité sont résistantes aux antibiotiques

Cette antibiorésistance préoccupe l’INSERM qui la décrit comme “massive et préoccupante”. “Certaines souches sont multirésistantes, explique l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, c’est-à-dire résistantes à plusieurs antibiotiques. D’autres sont même toto-résistantes, c’est-à-dire résistantes à tous les antibiotiques disponibles« .

Face à cette antibiorésistance, les pouvoirs publics brillent par leur impuissance.

Le plan écoantibios 2012-2017 mis en place par le ministère de l’agriculture prévoit une réduction de 25% en cinq ans de l’usage des antibios en médecine vétérinaire mais il n’est aucunement contraignant ! Pis:  Ce sont les vétérinaires qui à la fois prescrivent les antibiotiques et pour le plus grand nombre d’être eux les vendent! Un conflit d’intérêt auxquelles les associations de consommateurs demandent de mettre fin !

La viande de poulet apporte des maladies diverses

L’aviculture intensive favorise l’émergence d’épidémie. Rappelez-vous la grippe aviaire ou moins connue, la maladie de Gumboro, maladie virale aviaire (10).

La viande de poulet provoque des intoxications alimentaires:

Selon l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), 20 à 30% des cas de campylobactériose ( la cause la plus fréquente de la diarrhée causée par les aliments) décelés chez les humains sont directement liés à la consommation de poulets (11).

N’allez pas croire que le fait de n’acheter que des poulets fermiers (17% de la production française) vous met à l’abri de souci de santé.

Certes, leur consommation peut sembler moralement plus admissible car ces volailles sont abattues au bout de 85 jours (contre 35 jours pour les poulets standards et 58 pour les poulets dit certifiés), ont un accès à l’extérieur et sont nourries avec une alimentation à base de céréales et de légumineuses (sans OGM ou substances chimiques).

Mais elles sont elles aussi touchées par une bactérie très présente chez les volailles appelée Campylobacter. Bactérie qui peut causer chez l’homme diarrhées, douleurs abdominales et fièvre.

Et si, comme le souligne UFC Que choisir, si ces volailles biologiques sont moins concernées par l’antibiorésistance, quand elles le sont, “cela concerne les antibiotiques critiques, les plus forts”.

D’aucuns diront également pour se donner bonne conscience que l’élevage de poulets abîme moins la planète que l’élevage de bovins. S’il est vrai que la production de poulets émet moins de gazs à effets de serre que les boeufs, elle en émet…quand même.

Et il n’en reste pas moins qu’il faut plus de 6000 litres d’eau pour produire un kilo de protéines de viande de poulet, alors que les protéines végétales en nécessitent 15 à 30% de moins (12).

L’élevage de poulets impacte donc directement la raréfaction des terres agricoles (13).

Au boeuf, les Français préfèrent aujourd’hui la viande blanche, considérée comme plus « acceptable » car non sanguinolente.

Plus acceptable vraiment?

L’heure est venue pourtant de ne plus fermer les yeux sur la façon dont nous traitons les animaux que nous consommons.

Ceux d’entre nous qui s’intéressent à l’intelligence animale vous diront qu’à sa naissance, un poussin sait compter jusqu’à 5 (14). Qu’il réussit le test de “permanence des objets”, c’est à dire qu’il a conscience qu’un objet continue d’exister quand il n’est plus dans son champ visuel, ce que les humains n’acquièrent qu’à l’âge d’un an.

Les poules sont quant à elles capables d’empathie, elles savent reconnaître sur une photo une autre poule qui leur est familière, y compris lorsque cette poule est plus jeune (15).

Un éminent membre du Royal Veterinary College de Londres, Dr Siobhan Abeyesinghe a parfaitement exprimé notre volonté de ne rien percevoir de la sensibilité des poulets : “Les poulets ont certainement plus d’aptitudes que ce qu’en connaît le public. Je pense vraiment qu’ils sont injustement décriés.

Nous avons cette protection psychologique qui consiste à dévaloriser les animaux que nous utilisons pour produire de la viande, ainsi nous ressentons moins d’inquiétude à leur sujet (16).

Il existe aujourd’hui tout un tas d’alternatives au poulet, y compris des aliments disponibles en grande surface.

Mais si vous en utilisez déjà, si vous consommez notamment des nuggets végétaux qui plaisent tant aux enfants, j’aimerais beaucoup que vous m’en parliez dans les commentaires sous cet article.  

Sources

(1) lire à ce sujet
(2) Ils veulent se déplacer mais ne le peuvent pas
(3) Cité par L214. La consommation de viande de poulet par habitant a augmenté de près de 40 % entre 2005 et 2015. D’après ITAVI, 2016. Actualité des relations commerciales entre industriels de la volaille et grande distribution. Entretiens de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, 20 p.

(4) Un rapport officiel de l’INRA affirme que le ramassage manuel provoque des luxations des pattes et des ailes, des fractures, des hémorragies ou d’autres blessures chez près d’un tiers des poulets ramassés.
(5) Comme pour le ramassage, l’INRA souligne que les fractures, les luxations et les hémorragies sont fréquenteslors de cette opération.

(6) (En 2014, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a recommandé de cesser l’usage de cette méthode au profit d’autres techniques d’étourdissement [4], jugées moins nocives pour les oiseaux, mais encore très peu pratiquées en France.)
(7) OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 2016. Critically Important Antimicrobials for Human Medicine.
(8) (ANSES, 2017. Suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 2016, p.15. (consulté le 1er juillet 2018). Contre 99 tonnes en 2015. ANSES (Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), 2016.

(9) Action UFC Que Choisir 10/03/2014
(10) Cité dans le rapport de L214 consacré aux poulets de chair Avicampus, École nationale vétérinaire de Toulouse, 2008. La maladie de Gumboro (ou bursite infectieuse). Consulté le 1er juillet 2018.
(11) EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), 2014. Les Zoonoses expliquées par l’EFSA : Campylobacter, 2 p. (consulté le 1er juillet 2018).

(12) Cité par L214, Mekonnen, M. M., Hoekstra, A. Y. A Global Assessment of the Water Footprint of Farm Animal Products, 2012. (consulté le 1er mars 2018).
(13) Il faut 5 kgs de proteines végétales pour produire 1 kilo de proteines de poulets Mottet, A., de Haan, C. et al., 2017. Livestock: On our Plates or Eating at our Table? A New Analysis of the Feed/Food Debate, 104 p. (p. 1-8).
(14) (Rugani et al., 2009)
(15) (Zayan 1992).
(16) Cité par L214

Alternative Vegan Media

Laurence Pieau


A Propos

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