Je suis sûre que, comme moi, si vous êtes une femme, vous avez dû lire ça dans un magazine féminin. Ou sur une affiche. Ou que votre mère, votre grand-mère ou une copine vous l’a refilé comme conseil beauté : « L’accessoire indispensable pour rehausser le teint ? Un vrai rouge carmin».
On est d’accord, un trait de rouge carmin sur les lèvres, c’est ultra chic et ça fait le job. Ce petit tube de rouge à lèvres n’a l’air de rien mais c’est un vrai concentré d’élégance…
Sauf que la réalité est nettement moins glamour !
Pourquoi ? Eh bien parce qu’en adoptant ce rouge à lèvres, nous condamnons à mort une espèce vivante.
Le rouge carmin s’appelle également rouge cochenille, du nom de l’insecte qui est broyé, avec ses oeufs, pour obtenir cette couleur profonde et vive, ce pigment intense. Et il est utilisé par la plupart des marques de cosmétiques, même les plus prestigieuses.
Allez-y faites le test !
Je vous préviens, il va falloir plisser des yeux ou sortir une loupe.
Soigneusement cachée sous une première étiquette, vous trouverez en effet une liste d’ingrédients microscopiques. Les mots « rouge cochenille » ou « acide carminique » sont écrits ? Voire, plus trompeuses encore, les formules « Cl 75470 » ou « E120 » ?
C’est que vous avez mangé des insectes…
Et ce, même en ayant acheté des produits validés par certains labels naturels ou bio, qui ne l’interdisent pas !
Et pourtant, je croyais facile d’éviter les substances animales dans la salle de bains.
Pas de brosse à cheveux en poils de sanglier, ni de véritable blaireau de rasage pour mon compagnon… Pas de faux-cils en poils de vison non plus, bien sûr ! Et en restant loin des crèmes à la bave d’escargot ou au venin de serpent, je pouvais légitimement penser avoir un vanity vegan.
Mais non !
Dans cette lotion hydratante dont on se tartine tout l’hiver, il y a par exemple sûrement de la lanoline. Le nom est doux, presque mignon.
Qu’est-ce que la lanoline ? Une graisse d’aspect jaune, que sécrètent les moutons et les brebis, et que l’on retrouve dans leur laine.
J’entends déjà ceux qui vous disent qu’il n’y a pas de quoi s’indigner…
Pour prélever cette lanoline, aucune bête n’est tuée après tout ! Ce n’est pas un hasard d’ailleurs, si la plupart des labels bio – tels Ecocert, Cosmebio ou Nature & Progrès – l’autorisent.
Le hic, c’est que le processus de tonte ne va pas sans douleur.
Je ne parle pas de la façon de faire artisanale bien sûr. Celle des éleveurs indépendants, sans cruauté manifeste ni trop de précipitation.
Mais à l’échelle industrielle, les animaux endurent les pires souffrances pour leur laine.
En juillet 2014, une enquête de la PETA révélait ainsi l’envers du décor, en infiltrant des élevages en Australie et aux Etats-Unis, en tête des principaux pays exportateurs. Après avoir été affamés pour leur ôter toute résistance, les moutons étaient manipulés avec brutalité, roués de coups et bien souvent entaillés. (1)
Dans une vidéo insoutenable, on voit les moutons frappés à coups de poing, de marteau ou de cisailles métalliques. On les entend “pleurer” de peur et de douleur.
On les aperçoit tentant de s’échapper des mains des tondeurs… Ces tondeurs qui, payés au volume et non à l’heure, refusent de prendre le temps de soigner ou recoudre les plaies que leur brutalité a causées.
Vous le savez maintenant : la lanoline qui rend nos crèmes et nos peaux si douces, c’est aussi ça.
Mais il n’y a pas que la lanoline…
Dans les cosmétiques, beaucoup d’autres substances sont animales, sans qu’on le sache !
Cette crème anti-âge hors de prix ?
Elle contient peut-être de la squalane, qui vient du foie de requin. (2)
Ce savon estampillé « 100% naturel » ?
Il est sans doute enrichi en tallowate de sodium, obtenu à base de graisse de boeuf.
Ces vernis et fards à paupières nacrés ?
Ils sont boostés en guanine, dérivée d’écailles de poisson.
L’industrie cosmétique n’a pas son pareil pour masquer les souffrances qu’elle véhicule…
Vous pensiez avoir acheté des produits non testés sur les animaux ? On ne vous a pas tout dit !
Sachant cela, on peut toujours se consoler en se disant qu’au moins, aujourd’hui en 2019 et en France, les produits ne sont plus testés sur les animaux… Encore raté !
Certes, le 11 juillet 2013, un règlement européen a théoriquement mis fin aux essais cosmétiques sur les animaux. Mais, en vertu du règlement REACH – un autre texte européen qui vise à sécuriser la fabrication de substances chimiques – ces pratiques ont en réalité toujours cours dans certains laboratoires !
Sur le site de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), la chose est écrite noir sur blanc : « il est parfois nécessaire d’avoir recours à l’expérimentation animale s’il n’existe aucune autre solution ». (3)
Cette mention que les marques ne sont pas obligées de signaler…
C’est fou mais c’est vrai : les marques peuvent de toute façon aller faire leurs tests hors Union Européenne, dans des pays comme la Chine où ils sont autorisés (pour ne pas dire encouragés). Sans qu’évidemment, rien de tout cela ne soit mentionné !
Le consommateur ne doit pas savoir qu’il y a tant de laideur dans ses produits de beauté.
Mais alors, comment faire ?
- Soit on apprend à lire les listes INCI, qui détaillent les composants des produits cosmétiques. Mais avec des noms en anglais et latin, c’est un peu ardu !
- Soit on se fie aux labels.
- Sur un flacon, on cherchera tout d’abord un sigle assurant une fabrication sans souffrance, comme le « Choose Cruelty Free » par exemple, international, ou celui de la Peta.
- Attention tout de même : ils ne garantissent absolument pas des produits vegan ! Votre crème, shampoing ou baume à lèvres pourra inclure des ingrédients d’origine animale, comme de la cire d’abeille, du miel, du lait…
- On guettera donc un deuxième label, vegan cette fois : ceux de « Vegan Society », « Vegan approved », « Vegecert Vegan », « EVE » (Expertise Vegane Europe) ou « Certified Vegan », entre autres.
Cette liste n’est pas exhaustive d’autant que sous l’influence grandissant des consommateurs comme vous et moi , les marques du secteur commencent à être nombreuses et, pour certaines, très efficaces.
Si vous connaissez d’autres labels, si vous souhaitez recommander des produits en lesquels vous avez toute confiance, n’hésitez d’ailleurs pas à les partager dans les commentaires ci-dessous.
Vous trouverez également les recommandations de Fanny Maurer, maquilleuse pour la marque vegan Kat Von D Beauty. Elle nous a raconté son véganisme et de son exigence d’une « beauté sans cruauté ». Le lien de son itv vidéo et de l’article qui lui est consacré est ici
Une vision qui m’a semblé très convaincante. Parce que « souffrir pour être belle », à la rigueur. Mais faire souffrir pour être belle, ça non.
NB : nous avons interviewé Fanny en tant qu’experte de son secteur et vegan. Je rappelle à l’occasion que Alternative Vegan est un media que je souhaite totalement indépendant, sans aucun lien avec des marques, sans aucun revenu publicitaire. Cela va sans dire mais c’est mieux de le répéter !
A très vite,
Laurence
1. https://secure.petafrance.com/page/36663/petition/1?locale=fr-FR
2. http://www.bloomassociation.org/wp-content/uploads/2015/03/EtudeSqualane.pdf
3. https://echa.europa.eu/fr/animal-testing-under-reach
4. https://incibeauty.com/ingredients
Bonjour,
Merci pour vos articles toujours très enrichissants.
Je ne suis pas à 100% vegan mais je souhaite retirer un maximum de produits « animaliers » de mon quotidien.
Ma routine beauté maintenant :
Savon pour le nettoyage
Huile d’amande douce pour les peu de fois ou je me maquille (mais a la lecture de votre article je vais faire du ménage dans ma trousse)
Gel d’aloe vera
Huiles végétals pour l’hydratation.
Plus j’essaie d’éliminer les produits non-vegan, plus je me rends compte qu’il y en a partout.
Désolé de ce long commentaire mais je souhaite, encore une fois vous remercier pour votre travail qui nous permet de nous informer.
Sabine M
Merci pour vos encouragements Sabine 🙂